La monte à cru, c’est-à-dire la monte sans selle, est pratiquée dans le but de se sentir plus proche et plus respectueux de son cheval. C’est pourtant l’inverse qui se produit, les études ont démontré que monter à cru est mauvais autant pour le cheval que pour le cavalier !
Le dos du cheval n'est pas fait pour porter
Le premier ancêtre du cheval est apparu sur Terre il y a 55 millions d’années, et a constamment évolué depuis pour perpétuer son espèce. Il est devenu plus grand et plus musclé pour ne plus être la proie des petits prédateurs, et plus rapide pour échapper aux plus gros. Son anatomie s’est stabilisée il y a à peu près 1 millions d’années.
Le cheval n’a été domestiqué que 2200 ans avant notre ère, il y a donc un peu plus de 4000 ans. Le cheval a donc eu 55 millions d’années pour évoluer vers son physique d’athlète, mais 4000 ans sont bien trop courts pour lui avoir permis de s’adapter à l’équitation. En effet, 4000 ans ne représentent que 0.007% de son existence sur Terre.
L’humain est quand même intervenu pour le façonner selon son utilisation : des chevaux plus petits et dociles pour les enfants, des plus rapides et légers pour la course, des plus résistants et forts pour l’agriculture et des plus athlétiques pour le sport.
Ces transformations agissent sur le physique des chevaux mais pas sur leur squelette, qui est resté le même ces 4000 dernières années. Si la puissance des chevaux les rendent assez robustes pour être chevauchés par un humain, à l’inverse d’un lama ou d’une antilope par exemple, il n’est tout de même pas désigné pour cela.
La selle est conçue pour le confort
Les premiers cavaliers de l’histoire ont vite pris conscience de l’importance des chevaux pour se déplacer vite et loin. Mais ces longues chevauchées sont fatigantes aussi bien pour les cavaliers que pour leur monture. On introduit alors les premiers systèmes de relai (un cavalier a 2 ou 3 chevaux, qu’il monte à tour de rôle) et la selle.
Les toutes premières selles ont été conçues pour soulager les fesses des cavaliers, mais très vite on a compris qu’en libérant la colonne vertébrale par un système de gouttière, non seulement la selle était plus stable mais elle était aussi mieux supportée par les chevaux.
Les conceptions des selles modernes s’attardent aussi bien sur le cavalier que sur le cheval. Côté cheval, on libère le garrot, la colonne vertébrale et les épaules en s’assurant de répartir le poids du cavalier. Et côté cavalier, on s’assure qu’il s’assoie convenablement et qu’il descende bien ses jambes.
selle tibétaine
Les risques de la monte sans selle
Dans un souci de respect du cheval, certains cavaliers ont remis en question l’harnachement. Plusieurs pays ont alors interdits les harnachements abusifs, comme les mors coercitifs, les cravaches plombées ou les guêtres volontairement trop serrées.
Puis certains ont remis en cause la selle, et ont décidé de monter sans. Ce qui est une très mauvaise idée !
Sans selle, votre poids est directement posé sur la colonne vertébrale de votre cheval, ce qui est douloureux mais que le cheval, dans sa trop grande bonté, tolère. L’observation de squelettes de chevaux montés par des populations pauvres et donc sans équipement, ont mis en évidence que le dos des chevaux avaient été déformé par la monte à cru.
L’observation des squelettes de leurs cavaliers enterrés avec eux a mis en évidence également une déformation de la colonne et du rachis, directement liée à la pratique de la monte sans selle (source : présentation TED Talks par William Taylor, Avril 2023)
Un effet désastreux sur la position
On pense à tort que la monte à cru améliore la position du cavalier. C’est tout l’inverse qui se produit :
- être assis sur la colonne du cheval fait mal. Le cavalier trouve alors inconsciemment des positions de soulagement et ne se tient plus droit. C’est ce qui a déformé à la longue le squelette des cavaliers sans selle étudiés lors des fouilles
- le cavalier n’utilise plus son corps. Du fait du manque de stabilité, le cavalier est figé dans sa position et n’utilise plus son assiette pour communiquer avec sa monture
- les jambes ne sont plus utilisées non plus. La majorité des cavaliers ont un instinct de survie bien normal qui leur fait serrer les jambes autour des flancs de leur cheval pour être le moins instable possible. Le cavalier ne peut donc plus compter sur des aides fines et discrètes de ses jambes, les demandes deviennent assez grossières et brouillonnes. On est très loin de la belle descente de jambes des meilleurs cavaliers de dressage
- la main devient dure. Le cavalier n’a donc plus son assiette et ses jambes pour communiquer avec son cheval, et va donc surexploiter ce qui lui reste : la voix (sans incidence) et les mains. Les demandes de mains se font bien plus sévères que d’habitude, d’autant que le cavalier aura tendance à s’accrocher aux rênes dans le soucis constant de stabiliser autant que possible sa position précaire
La mauvaise solution du tapis de monte à cru
Le tapis de monte à cru est une bonne solution … pour vous faire dépenser votre argent, ça n’en est pas une bonne pour monter à cheval !
Le fait de mettre un tapis de monte à cru donne au cavalier un peu de stabilité car il glisse moins qu’au contact direct avec les poils du cheval, mais tous les défauts précédemment cités sont toujours là. Et surtout, le poids du cavalier est toujours directement sur la colonne de son cheval qui tolère la gène, voire la douleur, en silence.
Les tapis de monte à cru avec étriers ne sont ni plus ni moins qu’un instrument de maltraitance. Vous réduisez encore plus la surface du dos de votre cheval supportant votre poids, en vous assurant que les étrivières passant directement par le dos compriment bien la colonne et les muscles du dos !
Tu respectes ton cheval ? Monte sellé
Si monter de façon très occasionnelle et sur de courtes durées à cru ne fera à priori pas de gros dégâts, la pratique régulière sans selle ou en tapis de monte à cru est à bannir.
On s’assurera de rendre l’équitation confortable au cheval avec une selle adaptée à sa morphologie, comme tout le reste de l’équipement.