Bases de la génétique des couleurs et des maladies liées (partie 1)

La génétique … vaste sujet qui occupe un grand nombre de chercheurs internationaux notamment pour prévenir les maladies graves chez l’humain.

Mais les animaux ne sont pas en reste, les recherches scientifiques ont permis de comprendre en partie la mécanique d’expression des gènes de couleurs et de leur transmission. Il reste encore beaucoup de points à élucider, certains gènes ont encore des secrets pour la communauté scientifique. Néanmoins, un certain panel de gènes est déjà connu, ça va être mon challenge de vous l’expliquer en termes simples !

Les robes des chevaux sont codées dans leur génétique, elles sont donc transmissibles. Il est ainsi possible de déduire la robe d’un poulain à naître d’après la génétique de ses parents. Connaître la robe d’un poulain à naître n’est pas qu’une question de goût mais aussi une question de santé, car certaines maladies sont liées à l’absence ou la présence de certains gènes de couleurs.

Cet article est TRES long, je l’ai découpé en plusieurs parties pour être plus digeste. Chaque partie se termine par un quiz de 10 questions, il s’agit de voir si vous avez compris ou si des erreurs reviennent souvent, auquel cas il faudra que je reformule mes explications !

Généralités de la génétique

En rang par deux

La génétique est écrite sur l’ADN. Cette ADN est construite avec des chromosomes, qui portent des informations : les gènes.

Je reformule : les particularités des individus viennent de leurs gènes. Ces gènes sont écrits sur des chromosomes. Les chromosomes sont dans l’ADN, qui constitue la génétique de l’individu. 

Les chromosomes fonctionnent par paire, toujours. S’ils ne sont pas par pair il y a de gros problèmes engendrés, c’est le cas par exemple de la trisomie chez l’humain, où une paire compte 3 chromosomes au lieu de deux.

Les chromosomes fonctionnent par paire donc, et sont porteurs ou non d’information par le biais des gènes. Les informations portées peuvent être différentes entre les deux chromosomes d’une même paire, c’est-à-dire qu’un chromosome peut porter des gènes différents de son binôme. 

Pour vous le représenter simplement, imaginez un petit train avec des rangées de deux places. Sur chaque rangée il peut avoir 0 personne installée, 1 personne ou 2 personnes sur la même rangée. Le petit train c’est l’ADN, les rangées par deux sont les chromosomes et les personnes assises ou absentes sont les gènes —

Lorsqu’un gène n’est pas sur la paire de chromosomes, on dit que le gène est absent et que le sujet n’est pas “porteur” du gène

Lorsqu’un gène est sur un seul élément de la paire de chromosomes, on dit qu’il est hétérozygote.

Lorsqu’un gène est sur les deux éléments de la paire de chromosomes, on dit qu’il est homozygote.

— Non porteur d’un gène : le gène n’est sur aucun exemplaire de la paire de chromosomes

Porteur d’un gène : le gène est sur 1 ou deux éléments de la paire de chromosomes

Hétérozygote : gène en 1 exemplaire sur la paire de chromosomes

Homozygote : gène en 2 exemplaire sur la paire de chromosomes —

Expressif ou pas

Les gènes ne s’expriment pas tous de la même façon.

Certains ne s’expriment que s’ils sont homozygotes, c’est à dire portés sur chacun des deux éléments de la paire.

Certains n’ont besoin que d’un seul élément sur la paire pour s’exprimer.

J’entends par s’exprimer = être visible sur le cheval. Les chevaux peuvent porter une multitude de gènes mais n’en exprimer physiquement et visuellement qu’une partie. Nous verrons plus bas qu’un cheval peut très bien être porteur du gène bai et du gène crins lavés et n’être physiquement et visuellement qu’alezan “classique”. Il pourra par contre avoir des poulains bai ou alezan crins lavés.

Comprenez donc bien que le physique du cheval, scientifiquement appelé phénotype, ne reflète donc pas en totalité sa génétique, les gènes dont il est porteur. Il peut donc transmettre lors de la reproduction des gènes de couleur qu’il n’exprimait pas visuellement et qu’on ne lui soupçonnait pas, ce qui peut être une bonne comme une mauvaise surprise autant sur le plan de la couleur que de la santé.

— Génétique : ensemble des gènes

Phénotype : gènes exprimés physiquement, visuellement —

Dominant ou récessif

Les gènes n’ont pas non plus tous le même poids.

Lorsqu’une paire porte deux informations différentes sur chacun des chromosomes, c’est l’information la plus forte qui va s’exprimer.

Le gène qui va s’exprimer au détriment d’un autre est appelé dominant.

Le gène qui va se faire oublier en faveur d’un gène dominant est appelé récessif.

— Gène dominant : s’exprime dans tous les cas

Gène récessif : ne s’exprime que s’il n’est pas en présence d’un gène dominant —

Règles d’écriture

Pour pouvoir écrire simplement une génétique, on utilise des lettres et parfois même des chiffres.

— C’est comme pour mon petit train. Si je veux parler de la “place de gauche au quatrième rang”, je vais l’écrire par exemple 4/A —

Chaque gène est représenté par une ou plusieurs lettres de l’alphabet.

On utilise avec ces lettres un codage en majuscules et minuscules. On écrit en majuscules les gènes dominants, et en minuscules les gènes récessifs.

L’absence d’un gène est notée par le gène majuscule écrit en minuscule… ce qui peut donner de sacrées confusions avec les gènes récessifs ! Je préfère donc l’un des systèmes anglosaxons, avec lequel l’absence d’un gène se note “n”, ainsi pas d’erreur possible.

J’utiliserai ce système de notation tout au long de mon article pour vous aider à la compréhension des bases de la génétique des gènes de couleur, ce qui vous suffira pour vos choix de reproduction et lire les résultats d’un test ADN. Si vous souhaitez par contre continuer dans l’étude génétique scientifique, il vous faudra appréhender le système de notation dans sa globalité. Bon courage =p

— Imaginons un gène “paillettes” codé par la communité scientifique “Plt”, qui est dominant hétérozygote et porté par mon cheval en 1 seul exemplaire.

Cette paire de chromosomes pour ce gène s’écrira ainsi pour ce cheval : PLT/n

Etant donné que ce gène s’exprime même en 1 seul exemplaire sur la paire de chromosomes, mon cheval sera physiquement et visuellement à paillettes (trop cool !!) —

Chaque gène a son écriture …/…. L’expression des différents gènes de couleur d’un même cheval se fait par succession d’écriture de paires …/…, …/…, …/…

Reproduction, avec un gène hétérozygote expressif

Comme les autres espèces, un poulain hérite de 50% des chromosomes de son père, et 50% des chromosomes de sa mère.

— Reprenons mon petit train, et imaginons une épée géante qui le coupe sur toute sa longueur. Le reproducteur va transmettre soit tous les sièges de gauche de son petit train à sa progéniture, soit tous les sièges de droite. Le poulain hérite donc d’une moitié de train de sa mère, et d’une moitié de son père, ce qui fait son propre petit train —

Les chromosomes sont porteurs des gènes. En héritant d’un chromosome de chacun de ses parents, le poulain hérite donc des gènes que portent ces chromosomes.

A-t-on 50% qu’un poulain hérite de la couleur de ses parents ? 

— Imaginons que mon cheval à paillettes cité plus haut est un entier, que je souhaite reproduire avec une jument qui n’a pas le gène paillettes (bouh la moche !). J’ai 1 chance sur 2 d’obtenir un poulain à paillettes, car le gène est expressif à l’état hétérozygote (un seul exemplaire sur la paire) —

Démonstration de mon exemple :

Mon entier est PLT/n et ma jument est n/n sur le gène Paillettes. Chacun des deux reproducteurs transmet au poulain un seul chromosome de sa paire. Je sais déjà que la jument ne transmettra pas le gène Paillettes puisqu’elle n’en est pas porteuse. Tout repose donc sur les épaules de mon mâle qui va transmettre soit son chromosome porteur de PLT et mon poulain sera à paillettes, soit son chromosome non porteur n et mon poulain sera sans paillette (remboursé !!).

J’augmente mes chances si je prends une jument à paillette qui soit aussi PLT/n, là j’ai 75% de chance d’obtenir un poulain à paillettes et 1 chance sur 4 qu’il soit homozygote (et aura donc une descendance 100% à paillettes !). Il y a aussi 25% de chance que mon poulain n’ait pas du tout le gène paillettes, c’est le jeu de la génétique…

Ma seule façon d’être sûre d’avoir un poulain à paillettes, est que l’un de mes reproducteurs soit homozygote sur le gène paillettes, c’est-à-dire PLT/PLT, car il transmettra ainsi forcément un PLT. J’ai donc dans cette configuration 100% de chance d’avoir un poulain à paillettes, même si l’autre parent n’est pas porteur de ce gène.

Reproduction, avec un gène expressif homozygote

Je peux m’assurer un 100% dans mon exemple précédent car mon gène paillettes s’exprime même quand le sujet n’a qu’un seul exemplaire du gène sur la paire de chromosomes. Mes chances s’amenuisent si le gène que je vise ne s’exprime qu’à l’état homozygote, soit devant être porté en deux exemplaires sur la paire : chacun de mes deux chromosomes doit porter le gène.

— Imaginons un gène “fluo” codé “fuo” par la communauté scientifique (qui doit bien se foutre de moi s’ils sont en train de lire mes exemples !) qui ne s’exprime qu’à l’état homozygote, soit en fuo/fuo —

Je prends un entier et une jument qui ne sont visuellement pas fluo, mais je sais grâce à un typage ADN qu’ils sont porteurs hétérozygotes du gène fluo. Ils sont donc tous deux « fuo/n ». Dans ces conditions, j’ai 1 chance sur 4 que mon poulain soit visuellement fluo

Si ce n’est pas très clair à ce stade, pas de panique. Ca va devenir plus concret au fur et à mesure que nous explorons les gènes de couleur des chevaux, les vrais cette fois !

Bonus 1ère partie
      • Quiz

Pouvez-vous m’aider à améliorer cet article ? Je vous propose un quiz de quelques questions sur cette 1ère partie, afin de m’assurer que le fonctionnement global est compris. Si je vois que certaines questions posent régulièrement problème, je reformulerai mes explications dans l’article pour être plus claire !

    • La suite

Prêt pour la suite ? Au programme : les gènes de pigmentation et de dilution !

2 commentaires

  1. Vanessa a écrit :

    Bonjour
    Et merci pour cet article, je n’y connais rien en génétique et votre façon d’en parler et de l’expliquer est juste formidable.
    Hâte de lire les autres chapitres et que vous écriviez d’autres articles.

  2. lilou a écrit :

    Tout d’abord, je tenais à dire que votre article est très bien réalisé et très compréhensible. Cependant, j’avais une question. J’avais vu sur un autre site que le cheval était Alezan non pas lorsqu’il n’avais rien à exprimer mais lorsque le gène Extension était récessif et donc codait la phéomélanine, c’est a dire les pigments rouges. Pourriez vous m’éclairer sur le sujet?

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