La visite vétérinaire d’achat

Merci à nos 131 répondants ! Nous avons un beau panel pour faire notre recherche sur la visite vétérinaire d’achat qui a été faite par le potentiel acquéreur dans 61% des cas dans notre étude.

Profil des acheteurs

4% seulement des acquéreurs de notre étude souhaitent faire de la valorisation et revendre, la grande majorité des achats sont donc faits pour soi-même.

70% des répondants se considèrent comme connaisseurs dans le monde du cheval, 19% comme des professionnels et 11% comme novices. 67% des connaisseurs ont fait faire une visite, comme 48% des acheteurs professionnels et 47% comme des novices.

La moyenne d’âge des acheteurs répondants est de 33 ans, et voici la répartition géographique en France :

Nous avions également 3 répondants en Belgique et 1 au Maroc.

39% des acheteurs choisissent de ne pas faire de visite

Mois d’un vendeur sur 4 tient à disposition du potentiel acquéreur un bilan de santé de l’équidé établi au préalable. Une majorité d’acheteurs trouve cela normal, mais 30% auraient apprécié que le vendeur le fasse.

Pour ceux qui ont choisi de ne pas faire de visite d’achat, 31% (soit presque un tiers des acquéreurs) avait à leur disposition les résultats d’une précédente visite vétérinaire. Ils avaient donc déjà un état de santé du cheval ou poney établi par un professionnel.

Il y a 3 raisons majoritairement avancées par notre panel pour ne pas avoir fait de visite. Premièrement, le fait de connaître le vendeur, ensuite le jeune âge de l’équidé et enfin le choix que quelle qu’aurait été l’issue de la visite, l’acquéreur aurait acheté le cheval ou poney en question.

Nos acheteurs sans visite d’achat ont eu la chance de leur côté puisque 81% n’ont pas été confronté à des problèmes de santé avec leur équidé acheté. Sur notre panel, 9 d’entre vous ont choisi de ne pas faire de visite et des problèmes de santé sont survenus. Parmi ces 9 cas, 5 auraient pu être détectés lors d’une visite vétérinaire (3 avec des radios ou une échographie, 1 avec une prise de sang et 1 avec un test spécifique dédié) mais 4 n’auraient de toute façon pas pu être décelés lors d’une visite vétérinaire.

47% des équidés achetés sans visite sont destinés à la compétition, et 46% d’entre eux avaient déjà les résultats d’une visite vétérinaire précédente. Il y a donc un peu plus de la moitié des acheteurs ayant des objectifs de compétition qui prennent réellement le risque d’acheter un équidé sans aucune visite vétérinaire.

Une majorité des équidés est achetée pour le sport

Sur le panel total des 131 chevaux et poneys achetés entre 2018 et 2022, 82% sont destinés à un travail régulier, dont 32% à la compétition club ou poney et 36% à la compétition Amateur ou Tournée des As. Le haut niveau est aussi représenté puisque 8% de notre panel est destiné à la compétition pro. Le marché du cheval et du poney de sport se porte bien !

58% des chevaux destinés à un travail régulier a été présenté à une visite, et 76% des chevaux destinés à la compétition l’ont été. Les cavaliers réguliers sont donc prudents quant à la santé de leur futur partenaire, et c’est encore plus marqué pour les compétiteurs même quand il ne s’agit que de compétition niveau club.

On peut aussi noter que 18% des équidés achetés sont achetés pour du travail léger occasionnel ou de la reproduction, ce qui laisse une possibilité d’avenir pour tous les chevaux et poneys non aptes au travail régulier.

Le futur propriétaire est donc cavalier, d’un cheval entre 3 et 15 ans

L’âge moyen des chevaux et poneys de notre panel est de 6 ans. 78% des équidés de notre panel ont entre 3 et 15 ans, et est donc en âge de travailler pour encore quelques années au moins. 86% des chevaux sont de cette tranche d’âge sont par ailleurs destinés à travailler régulièrement et 65% à la compétition.

Toujours sur cette tranche d’âge des 3-15 ans, 69% des équidés ont été présentés à une visite vétérinaire par leur potentiel acquéreur, et 33% de ces équidés avaient déjà réalisé une visite vétérinaire dont les résultats étaient portés à la connaissance du potentiel acheteur.

35% des acquéreurs des chevaux de 5-15 ans pour qui le vendeur tenait à disposition les résultats d’une précédente visite vétérinaire ont décidé de ne pas en refaire une. Ce qui signifie que presque 2 tiers des acquéreurs ne se reposent pas sur les résultats d’une précédente visite pour se décider à acheter.

Que les éleveurs se rassurent

18% de notre panel d’équidés à moins de 3 ans, le marché du poulain et très jeune cheval, même s’il est minoritaire, ne peut être ignoré puisqu’il concerne presque 1 vente sur 5. 43% des acheteurs d’un cheval de moins de 3 ans a décidé de faire une visite vétérinaire d’achat.

L’organisation de la visite vétérinaire d’achat

Pour 60% d’entre vous, c’est un vétérinaire à proximité de l’équidé qui a fait la visite, contre 40% de visite avec votre vétérinaire habituel (ou qui va le devenir). Dans la majorité des cas l’acquéreur doit donc faire confiance à un professionnel de santé qu’il connait pas ou peu pour établir le diagnostic de santé de son futur partenaire.

Dans 64% des cas, la visite a lieu chez le vendeur. Elle a lieu en clinique pour 21% des visites et chez l’acheteur dans 15%. Dans 3 visites sur 5 le cheval est donc dans un lieu qu’il connait, mais où le vétérinaire n’a à sa disposition que ce qu’il peut emporter contrairement à la clinique, et l’acheteur ne peut confronter le cheval à son futur habitat en faisant se dérouler la visite chez lui ou dans sa pension.

Le délai de prise de rendez-vous pour une visite d’achat est plutôt long puisqu’en moyenne vous avez attendu plus d’une semaine (7,9 jours) entre votre demande de rendez-vous et le jour de la visite. Sur un marché du cheval aussi tendu que celui de ces dernières années où la demande dépasse l’offre (il n’y a pas assez de poneys et chevaux à vendre pour satisfaire tous les intéressés qui recherchent), ce temps d’attente peut être source d’inquiétude. En effet l’acheteur peut craindre que l’équidé soit vendu à un autre pendant ce temps, par conséquent n’hésitez pas à demander au vendeur de suspendre les visites et les essais pendant ce laps de temps tant que le délai est raisonnable.

79% des potentiels acheteurs étaient présents pour la visite vétérinaire d’achat, et 14% étaient absents mais avaient le rapport en direct du professionnel de santé. Précisons que notre étude s’intéresse à la période 2018 – 2022, qui a connu différentes phases de confinements avec restriction des déplacements et de pénuries de carburants. Le choix de ne pas être présent lors de la visite était donc peut-être plus subi que volontaire.

La visite vétérinaire sous toutes ses coutures

Voici ce qui a été fait en grande majorité lors de vos visites vétérinaires :

  • Dans 98% des visites : Etat général, auscultation cardiaque, digestive, examen oculaire, dentaire, vasculaire
  • Dans 94% des visites : Palpation des tendons, des articulations, du dos, appréciation des aplombs, de la musculature
  • Dans 93% des visites : Examen dynamique au pas et au trot, en cercle et en ligne droite, test de flexion

Il s’agit de la visite d’achat “classique” avec les vérifications habituelles opérées par le vétérinaire.

Une majorité des acheteurs se montre aussi prudents dans la vérification des antérieurs de l’équidé. En effet, le syndrome naviculaire se situe au niveau des antérieurs et se manifeste chez de plus en plus de chevaux ce qui compromet leur avenir sportif.

  • Dans 68% des visites : Test planche/pince
  • Dans 64% des visites : Radios des pieds antérieurs

Dans plus de 2 visites sur 5, on s’attarde également sur les postérieurs. On cherche ici notamment des traces d’arthrose qui malheureusement ne concerne pas que les sujets âgés.

  • Dans 46% des visites : Radios des jarrets
  • Dans 44% des visites : Radios des boulets
  • Dans 40% des visites : Radios des pieds postérieurs

Quand on fait faire une visite vétérinaire d’achat, faire ou pas des radios est avant tout un choix financier. En effet, chaque cliché coûte cher car il nécessite un appareil coûteux, une protection adaptée du vétérinaire et une formation spécifique à l’imagerie qui n’est pas acquise à vie mais doit être revalidée régulièrement par des stages payants. De plus, la bonne lecture des clichés engage la responsabilité de votre vétérinaire, contre lequel vous pourrez vous retourner si un problème qui aurait pu être détecté sur les radios survient.

Le temps de visite vétérinaire est également plus long lors de la prise de radios. Une visite sans radio dure en moyenne un peu moins d’une heure (51 minutes) alors qu’avec radios la visite dure presque 1h30 en moyenne (87 minutes).

77% des chevaux destinés à la compétition ont eu au moins une radio lors de la visite vétérinaire d’achat, contre 21% des équidés que les acheteurs ne destinent pas à la compétition.

Certains acheteurs ont demandé en complément :

  • Dans 11% des visites : Bilan sanguin
  • Dans 10% des visites : Radios du dos
  • Dans 8% des visites : Echographie des ligaments ou des tendons
  • Dans 5% des visites : Sérologie (anémie, piroplasmose…)
  • Dans 1% des visites : Echographie osseuse
  • Dans 1% des visites : Test ADN (PSSM, test de couleurs…)
Parlons prix

En moyenne sur notre étude, la visite vétérinaire d’achat a été un investissement de 393€.

Pour détailler un peu cette somme, une visite sans radio a été facturée en moyenne 189€ alors qu’une visite avec radios se chiffre à 439€ en moyenne.

Le choix de la clinique permet une visite plus poussée car elle dure plus longtemps, plus d’1h30 en moyenne. Les prix s’en ressentent, puisqu’une visite en clinique a été facturée 560€ en moyenne. 88% des équidés qui ont été emmenés en clinique pour la visite d’achat sont destinés au sport.

L’issue de la visite est favorable dans 90% des cas

Le but de la visite est que le vétérinaire s’exprime sur la comptabilité de la santé du cheval avec les objectifs du futur acheteur. Il émet à l’issue de l’examen sur un rapport écrit un avis favorable sans réserve, un avis favorable avec réserve qu’il précise, ou un avis défavorable.

69% des visites ont été conclues par un avis favorable sans réserve, 21% par un avis favorable avec réserve et 10% avec un avis défavorable.

87% des acquéreurs potentiels ont en effet acheté l’équidé qu’ils ont présenté en visite vétérinaire. Il a été acheté au prix demandé par le vendeur dans 74% des cas, négocié au vue des résultats de la visite vétérinaire dans 7% des achats et négocié sans rapport avec la visite vétérinaire dans 19% des cas.

100% des visites vétérinaires conclues par un avis favorable sans réserve se sont finalisées par une vente, dont 76% sans négociation du prix d’achat.

88% des visites vétérinaires conclues par un avis favorable avec réserve se sont terminées par un achat, au prix original demandé par le vendeur dans 67% dans cas. L’existence de cette réserve ouvre donc davantage le terrain pour la négociation du prix de vente de l’équidé quand l’acquéreur est prêt à prendre le risque de l’achat malgré la réserve du professionnel de santé.

Lorsque le vétérinaire émet un avis défavorable suite à la visite, 100% des acquéreurs ont renoncé à l’achat de l’équidé.

On peut se demander si le fait de faire des radios levait les réserves possibles du diagnostic. 23% des visites avec radios ont été conclues par un avis avec réserve, contre 17% pour une visite sans radio. La différence n’est pas énorme mais elle existe, on peut présumer que la visite sans radio n’engage le vétérinaire que sur l’examen statique et locomoteur alors que la visite avec radio engage davantage sa responsabilité, d’où sa prudence sur son compte rendu. Enfin, il est rare que les chevaux présentent des radios parfaites, notamment parce que certains éleveurs ne s’inquiètent pas de la transmission de l’arthrose juvénile ou du syndrome naviculaire qu’on retrouve chez des juments mises à la reproduction car physiquement inaptes au sport. Les irrégularités qui apparaissent donc sur les radios poussent à émettre des réserves quant à leur évolution.

Une bonne visite est-elle une garantie sur l’avenir ?

Nous avons vu plus haut que 81% des équidés achetés sans visite faite par l’acheteur (mais avec dans un tiers des cas l’existence d’une visite vétérinaire préalable). Ceux qui ont fait faire une visite ont eu moins de chance puisque 64% des équidés achetés n’ont pas eu de soucis de santé par la suite.

Parmi ceux qui ont déclaré des problèmes de santé, presque deux tiers (64%) n’aurait pu être décelé avec une visite vétérinaire d’achat plus poussée.

Les acquéreurs ont acheté l’équidé avec certains objectifs. Pour 23% du panel, l’achat est trop récent pour se positionner sur la réalisation ou non de ces objectifs. Pour les autres, les objectifs ont été atteints dans 82%, ils ont même été dépassés dans 32% des cas.

Pour ceux qui n’ont pas pu accomplir leurs objectifs, la santé de l’équidé est en cause dans 65% des cas, pour d’autres facteurs que la santé dans 29%. Dans 6% des cas, les objectifs n’ont pas été atteints pour des raisons indépendantes du cheval (la santé de l’acheteur, les contraintes budgétaires, professionnelles, familiales…).

Augmente-t-on nos chances de remplir nos ambitions avec une visite véto ? Et bien malheureusement la réponse est non, puisque les ambitions sont plus hautes. Nous avons vu plus haut qu’une majorité des équidés présentés à la visite véto étant destinés à la compétition, les ambitions sont donc plus dures à satisfaire. Ces ambitions de compétition ont tout de même étaient atteintes voire dépassées pour 79% de notre panel d’acheteurs. Les objectifs ont été atteints dans 76% des cas suite à une visite vétérinaires d’achats, et dépassés dans 29% des cas. Le fait que la visite ait inclus des radios n’augmentent pas le taux de satisfaction des ambitions de l’acheteur. Faire une visite vétérinaire d’achat avec ou sans radio n’est donc pas une garantie sur l’avenir sportif de l’équidé.

Conclusion

Faut-il alors se passer de la visite vétérinaire d’achat, si elle génère des frais sans donner plus de garanties sur l’avenir du cheval ?

La visite reste vivement recommandée, car seul l’examen d’un professionnel de santé saura détecter certaines anomalies et prévenir l’acquéreur des problèmes qui pourraient survenir.

Plus vos ambitions sont grandes, plus la visite vétérinaire devra être complète. Les radios représentent un coût mais donnent une visibilité qu’aucun examen statique ou dynamique ne saurait remplacer.

Grâce aux avancées technologiques et de recherche, nous prenons la mesure de la fréquence des maladies comme les uvéites, l’arthrose juvénile, le syndrome naviculaire, la PSSM… qui sont autant de pathologies qui nécessiteront un suivi particulier et peut compromettre l’utilisation régulière du cheval.

La visite vétérinaire devrait donc s’adapter et proposer une visite “de base” plus complète ou au moins expliquer à l’acquéreur la liste des examens possibles et ce qu’ils permettront de déceler. L’acheteur pourrait ainsi choisir quelle part de risque il est prêt à prendre, selon le budget qu’il souhaite consacrer à la visite vétérinaire.

Les éleveurs ont aussi un rôle à jouer, en étant bien plus consciencieux dans le choix des reproducteurs. Le modèle et les performances ne suffisent pas, des tests de santé minimum devraient être requis. Comment se fait-il qu’autant de tests soient exigés chez les reproducteurs chiens et chats alors qu’aucun ne l’est chez les chevaux, alors que la valeur et les ambitions sportives allouées à ces derniers sont bien supérieures ?

D’autant plus que presque 80% des éleveurs ont moins de 2 juments à la reproduction (source IFCE), faire faire les tests à leur jument et sélectionner des étalons testés serait un investissement en temps et en argent raisonnable pour un grand gain en qualité de la production.

Remerciements

Je tiens à nouveau à remercier l’ensemble des participants à cette recherche, j’espère que cet article vous présentant les résultats vous a plu et vous a donné envie de participer aux prochaines enquêtes. J’attends vos avis en commentaires !

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